::: Ska de la Tierra :::

Deux soirs que je ne mange plus. Deux soirs que je n'y pense plus. Deux soirs que je regarde encore et encore mes photos souvenirs. Comme des petits coquillages au fond de mon sac.

C'est drôle, qu'on est attendues tout ce temps, pour faire tout ça ensemble. Ca fait plus de 10 ans qu'on se connait, mais on aura attendu plus de 10 ans pour faire tout ce qu'on aurait dû commencé à faire depuis bien longtemps. On a perdu du temps, mais on l'a bien rattrappé en si peu de jours...

Tu es partie depuis à peine 2 jours et je tourne en rond. Ma Vie se déroule comme un joli papyrus, rien de sombre à l'horizon si on y regarde bien, mais tu n'es pas là, et j'ai du mal à m'y faire.

Chapitre I. Tu es arrivée jeudi en gare de Montpellier à 17h15, il faisait moite comme sous les tropiques, à croire que même le ciel a eu une suée en te voyant pointer le bout de ton nez. On s'est promenées, on a bu un verre en terrasse sur la Canourgue, cette Canourgue que j'aime tant et que je voulais tant te montrer. Te partager.
Y'avait mon éventail en bois et mon collier à clous, y'avait ton sourire et les lumières dorées de la Comédie au-dessus de toi. On s'est perdues dans l'ombre de la Cadillac, rue de Verdun...

Chapitre II. Le Corum, l'Esplanade, les fontaines, et comme toujours le soleil, entre les marchands de glace et la verdure et les statues immaculées. Saint-Roch dans toute sa grandeur, Antigone et la fille sous la pluie de la fontaine, mimant le Dieu Grec à côté d'elle.
Les saucisses de Montbéliard, la Cancoillotte, même ça on n'avait pas eu l'idée lumineuse de le partager, avant...

Chapitre III. Le RockStore. Ma capitale, mon Eglise, ma Religion. Le patron du Kill Beer qu'on retrouve comme un vieux camarade. L'artiste-peintre déjà fou de toi. La serveuse brésilienne, cette fée qui illumine les tequila frappées. Les gens, partout, qui dansent, qui crient, qui suent, la fièvre qui s'empare de moi tant j'aime cet endroit. Et le patron du RockStore qui nous sert nos bières, qui se laisse gentiment prendre en photo, ses yeux clairs mi-clos, la sérénité sur son visage buriné.

Tous ces endroits qu'on a visités ensemble... Les punks à chien au Peanuts, la disco fever au 8 rue de l'aiguillerie, la place du marché aux fleurs qui nous surveille...

Chapitre IV. La boutique toute rose, la petite cour là-derrière... Lilou Plaisir et ses trésors colorés pour les grandes filles, place Saint-Caume... Le Peyrou, toujours inondé d'une lumière orangée... La belle Sainte-Anne pour nous saluer.

Chapitre V. Les Folles à la Vanille. Bordel ambiant dans les escaliers en pierre de l'immeuble. Retro Attitude. Des souvenirs pour toujours.

Chapitre VI. La Plage. Cette putain de Plage. Nous sommes allées à la Plage ensemble. Genre. On a collé nos culs sur le sable et on a plus bougé de là, le soleil nous carressait trop bien la peau, la mer était trop belle, y'avait trop de culs nus pour qu'on dégage de là avant l'heure. Les bateaux, au loin, et même pas de mouettes, tu les as fait rougir de jalousie.

Chapitre VII. Dernier soir. Halte au Circus. La salle du fond rien que pour nous, du rouge partout sur les murs, les rideaux en satin, les fauteuils en cuir noir. La foule à côté, histoire de regarder le match. Un bar américain et nous dedans, comme une vision qui laisse songeuse.

7 chapitres en 3 jours et 4 nuits.

Et puis lundi matin ton train repartait. Je t'ai accompagnée sur le quai de la gare, ça non plus on l'avait encore jamais fait toutes les 2. On se collait de chaque côté de la vitre et on parlait le langage des signes que nous seules nous comprenons. Et puis je t'ai laissée. Je me suis retournée une dernière fois sur ton visage lumineux, dans cette saloperie de train qui allait t'emmener beaucoup trop loin.

Quand je suis sortie de la gare, j'ai vu la rue Maguelone, brillante et scintillante, les palmiers, le tramway. Je regardais tout ça et j'avais l'impression qu'on venait d'arracher un des poumons de Montpellier. Ou un de mes bras, c'était du pareil au même. Je retrouvais cette féérie qui fait la beauté de ma ville, mais je prenais conscience qu'avec toi pour m'accompagner, Montpellier avait été plus merveilleuse que jamais.

C'est bête à dire mais rien ne remplace les ami(e)s. J'en ai peu de vrai(e)s ami(e)s. Tu es celle qui reste la plus proche de mon coeur, depuis que j'ai connu Laëtitia et que la Mort l'a emportée.
On est nées à une semaine d'intervalle, dans la même ville dans la même clinique, on est du même signe zodiacal, on a le même ongle qui se casse à l'index, on fait la même taille, le même poids, on a presque la même couleur dans les yeux, et tant d'autres choses qui font qu'on est ce qu'on est... Et que je suis heureuse quand les gens nous prennent pour 2 soeurs.

Reviens vite. Tu sais quel train il faut prendre maintenant.

(pic. >> Mademoiselle Yum & Sweet Mymy, sept. 2006)

[ ...On a pris des centaines de photos en 3 jours, je n'arrivais pas à choisir laquelle mettre pour illustrer mes mots... C'est celle-là qui apparait mais ça aurait pu être une autre, une où on boude, une où on gueule, une où on rit à gorge déployée, une où on fait les clowns... Pour cette fois ce sera celle où on regarde les étoiles... ]

© Mademoiselle Yum

Comments

[Mademoiselle Yum]

Merci à vous 2 pour vos commentaires =)
Bien sûr je n'ai pas pu tout raconter, avec le recul je me rend compte que dans cet écrit j'ai oublié plein d'autres très bons moments passés pendant ces trois jours, mais le principal je pense c'est que ça reste bien inscrit dans ma petite tête ^ ^
Prenez soin de vous :)

[Aka]

Que de belles choses faites en compagnie de ton amie Mymy ca avait vraiment l'air bien, ca se sent ^^
Les photos sont géniales ! On dirait vraiment des siamoises :)

[Muriel]

jsuis allée voir les photos vous etes super dessus, en plus ça se voit que vous vous etes eclatées ! ça fait plaisir a voir :)