::: Real a Lie :::
La Vie est un beau mensonge. La Vie, cette éternelle inconditionnelle. La Vie, elle ne fait pas de concession. Pour personne. J'ai bien l'impression.
Comme en extase devant toutes celles qui font ce que je ne sais plus faire. J'ai davantage créé quand j'avais 15, 16, 17 ans, quand je ne regardais ni devant ni derrière moi, quand je me prenais de grandes baffes en tendant l'autre joue, pour voir quel effet ça fait, encore et encore. Inéxorablement j'ai perdu quelque chose en grandissant, en *murissant*. Parfois je voudrais de nouveau ne pas regarder dans le fossé avant d'y plonger. Me foutre éperdument du gouffre qui m'attend.
Je crois que les artistes qui me soufflent tant ont gardé cela, la folie douce de plonger dans le néant volontairement, et au diable ce qui arrivera.
La Vie est un mensonge parce qu'on a bien souvent l'illusion de réussir, alors que notre Chemin n'est pas là, alors qu'il glisse sous nos pas. La Vie nous ment et la Vie nous voile les yeux. Notre regard s'arrête au bout de notre nez, une fois qu'on a trop grandit. Comme si la Vie nous volait quelque chose. Et alors il est trop tard. On dirait.
Je mentionne souvent le fait que j'ai gardé une part d'enfant, d'adolescente en moi. Et pourtant... Je me sens tellement vieille parfois. C'est vrai que je suis restée immature, quelque part, mais pas pour les bonnes choses. J'ai gardé de l'adolescence cette petite frousse, cette flemme de ne rien vraiment tenter jusqu'au bout, comme si c'était perdu d'avance. Ne pas y croire, ne plus y croire. Je fais de la musique et je chante sur ma mezzanine, ça fait une belle jambe au reste du Monde. J'écris sur ce site comme si ma Vie en dépendait. Mais ça aussi ça fait une belle jambe au reste du Monde.
J'ai envoyé mes textes à des maisons d'édition, il y a longtemps, j'avais 18 ans. J'avais encore gardé cette douce folie de croire à toutes ces conneries. Croire que, si ça marchait pour les autres, alors pourquoi pas moi ? Ahaha. Quelle prétention en fin de compte.
J'ai joué de la musique devant les autres, il y a longtemps, j'avais 15-16 ans. J'avais encore gardé cette même folie douce. Douce amère maintenant.
Je n'envoie plus mes textes. Je ne fais plus de concerts dans les bars et les petites salles. Je ne dessine plus. Je rêve et je garde tout dans ma bulle. Et je suis si seule, dans ma bulle. Même avec Lui, je reste seule. Ca n'a rien à voir.
Pourtant parfois je croise la route de personnes qui m'ont connu quand j'osais vraiment, et qui ont gardé le souvenir de ces instants où je me rapprochais des étoiles.
Alors pourquoi maintenant je trouve que tout ça avait quelque chose de ridicule ?
Pourquoi rien ne suffit à me redonner la confiance ? Pourquoi face aux autres je ne dis pas un quart de ce qui me traverse l'esprit ? Pourquoi il n'y a bien qu'ici, sur ces pages monochromes, qu'on peut lire vraiment au fond de moi ?
J'en rêve des choses et j'en imagine des instants. Mais entre ce que je veux, ce qui est possible, ce que je peux oser, ce que je suis capable de faire, ce qui est dans mes moyens, et ce que le reste du Monde voudra bien entendre en face... C'est comme perdu d'avance.
J'ai bien essayé en arrivant ici il y a maintenant deux ans. Je suis tombée sur les mauvaises personnes je crois. On n'avait pas les mêmes attentes, ça n'a pas été bien loin. Et puis c'est comme si j'avais perdu quelque chose, dans mes tripes. Un vide maintenant ; toujours cette envie de crier, mais plus d'organe pour y arriver.
Rester la rage au ventre, l'envie derrière les yeux, les rêves enfouis bien loin, à craindre de perdre mes dents, me rompre le cou, qu'on me prenne le peu que j'ai, ou pire, redevenir transparente, comme avant, même déjà un peu comme maintenant...
(...)
Tout recommencer ailleurs ? Est-ce que j'y survivrai ? Sans doute, si c'est bien là la solution.
(...)
[ Je sais, tu n'aimes pas cette expression, mais parfois... Comme un cercle vicieux... Tu sais, *le chien qui se mord la queue*... ]
(pic. up >> Melissa Auf Der Maur)
(pic. down >> Caen, déc. 2005 - by Mademoiselle Yum)
© Mélusine Yum