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¤ Mademoiselle Yum ¤
13 novembre 2006

::: I'm not an Addict :::

Il y avait cette chanson. Qui tournait sur toutes les ondes, qui passait en boucle. C'était à peu près en même temps que quand passait "Crucify" de Tori Amos. Le milieu des années 90, les années Grunge, les années Kurt Cobain, les années cheveux platine et rouge à lèvres qui dégouline.

"Not an Addict" de K'S Choice.

Je ne me souviens même plus comment nous avons commencé à nous fréquenter, ni pourquoi, ni si quelqu'un nous a présenté...
J'ai l'impression que je suis née avec toi à mes côtés, c'est tout.

On prenait ensemble ton scooter pour aller voir nos petits copains, en rentrant tu portais mes lunettes pour mieux voir la route, c'était sous les arbres, un peu de goudron dans la forêt, on n'avançait pas dans la nuit noire, les pieds dans le brouillard, les mains humides et nos deux corps transis.
On allait au ciné voir les films avec Brad Pitt et Tom Cruise, on roulait nos clopes dans les escaliers à moquette rouge, les petits reubeus du quartier venaient nous taper la causette.
On fumait comme des pompiers dans ta chambre, à l'étage. Il y avait des posters de nos idoles partout, il y avait de la musique et du cancer dans l'air, tout le temps. Ta petite soeur entrait parfois, ça te mettait mal à l'aise, qu'elle te voie défoncée comme ça.
Il y avait tes parents, je te les enviait à l'époque, à vrai dire plus maintenant, avec le recul. Mais je les aimais bien. Je crois qu'ils étaient contents qu'on soit les meilleures amies du Monde.
On collégiait ensemble, on mangeait ensemble, on se maquillait ensemble, on se colorait les cheveux ensemble, on écoutait de la musique ensemble, on regardait la télé ensemble, on découchait ensenble, on picolait ensemble, on se déchirait ensemble, on faisait les courses ensemble, on shoppinait ensemble, on faisait du stop ensemble, on séchait les cours ensemble, on dormait ensemble, on se lavait ensemble...

Je parle de toi souvent, et quand je ne parle pas de toi, je pense à toi, je rêve de toi, je me rappelle les moments avec toi. Des épisodes, des morceaux de ma Vie même pas âbimés, comme des bouquets de nerfs en plein coeur. La série pas télévisée de nos vies d'ado en pleine chute dans le Néant.

Mais le Néant on le bravait ensemble, on n'était jamais seules face à la douleur, face à la rage, puisqu'on le vivait ensemble, en faisant les mêmes pas, main dans la main, en voyant défiler le même Monde, les mêmes histoires autour de nous.

Et ré-écouter cette chanson, si longtemps après, ça a fait resurgir tout ça, forcément, comme toujours dans ces cas-là. C'est comme la chanson des Crash Test Dummies, c'est comme cette chanson des Sex Pistols, c'est comme "High Hopes" de Pink Floyd. C'est comme Courtney Love et Nirvana. C'était la boîte à musique de nos vies tout ça. C'était la boîte à musique que tu me chantais en existant, en me souriant avec ta grande bouche plein de dents, tes yeux turquoise caressant mon âme, étouffant tendrement mes chagrins, effaçant mes bleus et mes cicatrices, écoutant chaque boum de mon coeur comme s'il avait s'agit du tien.

Parfois j'imagine si tu étais encore là, si je t'appelais pour te dire ma nouvelle Vie, avec le Soleil l'Amour et tout ça. Quand tu es partie, je commençais à prendre un tournant, j'en ai pris d'autres depuis. Pour toi tout s'est arrêté si brusquement, c'est comme si je m'en voulais, alors que j'y suis pour rien... C'est la seule fois où on n'a pas fait la même chose, c'est la seule fois où nos chemins se sont vraiment séparés, de la façon la plus indiscutable qui soit. Irrémédiable.

La Mort finit toujours par avoir raison et il y a bien peu d'armes pour la combattre.

Mon coeur n'a jamais compris, mon corps a encore les soubresauts de ton absence, comme des décharges électriques, comme un Vide qui s'étale et s'aparpille sous ma peau. Se mélange à mon sang. Comme un tatouage indélébile.

Je te parlerai donc tant que tu seras dans ma tête. Tant que tu seras assise là à m'écouter. Je te parlerai peut-être jusqu'à la Fin de ma Vie. Je crois que je n'accepterai jamais. Parce que tu étais la seule. A m'avoir tant compris. Tant aimé. Sans concessions. Sans effort. Sans raison. Sans limites. Ta gentillesse jaillissait en-dehors de toi, à chacun de tes mots, à chacun de tes gestes, à chacun de tes pas.

Je viens de réaliser, que, comme on est en novembre, cette année, si tu étais encore là, tu aurais 26 ans.

On était aussi perdues l'une que l'autre. On s'est tout donné l'une à l'autre sans même y penser. Parce que c'était si naturel. Parce que tout nous reliait, tout nous mélangeait.

Je ne veux pas d'enfant, mais j'ai souvent dit que si j'avais eu une fille dans ma Vie, je l'aurais appelée comme toi, ou en tous cas cela aurait été son deuxième prénom. Parce que j'aurais voulu que le Monde entier garde en mémoire ton sourire, ton regard, ta douceur, l'odeur de ton âme, cette tranquille incandescence qui fait de toi la plus belle et la plus inoubliable des Etoiles.

Laëtitia.



© Mademoiselle Yum

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