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¤ Mademoiselle Yum ¤
13 janvier 2006

::: Quand l'herbe nous dévore :::

En 1997, j'écoutais l'album éponyme de Dolly en boucle. Dans ma chambre, dans celle des autres, dans ce bar où je traînais tout le temps. Je jouais alors une partie des dés de mon Destin. Je jouais au Yam aussi, mais l'enjeu n'était pas le même. J'avais besoin de suivre une bouche, un regard, une voix qui se reflétaient à moi comme un guide, une issue, une conclusion idéaliste à tout ce que j'avais enduré quelques années auparavant.

Je me suis fait beaucoup de mal entre 1997 et 1998, mais j'ai appris. J'ai appris beaucoup. J'ai rattrappé beaucoup de temps perdu. Pas tout, mais assez pour vivre maintenant mon Destin avec moins de regrets qu'à ma sortie de l'adolescence. Moins de questions restées sans réponse. J'ai même eu droit à quelques réponses qui m'ont plu.

Ces quelques mois, j'ai enfin pu passer par ce petit trou de souris, entrer dans cette maison qui m'était restée si quasiment innaccessible - sauf usage d'une grande malice - ; ces quelques mois m'ont permis de gagner un terrain qui m'avait été si longtemps interdit. J'avais passé des années à attendre, à patienter en m'en prenant plein les dents, alors j'ai savouré, savouré ma - si petite - victoire.

Je me suis payée le luxe d'une salade verte, que j'ai préparée moi-même dans cette cuisine rustique, je me suis servie moi-même dans le frigo, j'ai pris un yahourt, un putain de yahourt. Seule ma caboche peut comprendre à quel point c'était juteux pour moi, juteux, jouissif, mais au sens le plus noble du terme, c'était divin, et tellement mérité. J'en avais trop bavé.

J'ai regardé cette télé, j'ai posé mes fesses sur ce canapé, j'ai ouvert au chat qui miaulait derrière la porte vitrée, j'ai enfilé ce peignoir asiatique qui m'appelait de toute son odeur, j'ai lu les petits mots d'une maman pas comme la mienne qui part pour le week-end et laisse plein de bonnes choses à manger à son unique fiston, j'ai joué à des jeux de logique stupides qui donnent mal au crâne, surtout quand on a un ou deux *bigniou* dans la gueule... Je me suis sentie un peu chez moi, enfin je n'étais plus celle qui est de trop, celle qu'on ne sait pas comment virer, celle qu'on n'a pas envie de montrer à ses potes, enfin j'étais celle qui semblait la bienvenue, et pas juste pour son cul. Pas juste pour.
Celle avec qui on reparle des vieux trucs, celle qu'on écoute et qu'on regarde comme un Etre Humain, celle qui entend, incrédule, les excuses, les remords, les aveux d'avoir par le passé profité de la situation au-delà des limites du respect humain. Celle qui a enfin une vraie valeur aux yeux et dans les mots du rêve en face.

J'ai passé mon adolescence à penser que je n'avais de valeur pour personne, ni pour mes parents, ni pour mes rares amis, ni pour mes profs, ni pour une quelconque divinité, encore moins pour moi-même ; les rares personnes qui se penchaient sur mon cas, je me persuadais que c'était pour une mauvaise raison, qu'elles allaient vite rebrousser chemin. J'ai passé des années à douter de moi-même, je doute encore, mais cette année-là, en 1997, pour la première fois je ne doutais plus, pour la première fois je pouvais donner sans me prendre une claque. Pour la première fois je sentais que j'étais écoutée, entendue, pas seulement lorgnée et caressée dans le sens du poil comme un corps qu'on convoite mais qu'on a honte d'approcher en public.

Et ces instants, non je ne les ai pas vécus avec la personne qui a pourtant partagé 7 ans de ma Vie. Je les ai vécus avant. Tout juste avant. Avec une âme qui m'avait fait poirauter et tourner en bourique pendant plus de deux ans. C'était ma revanche. Les 7 années qui ont suivi, je crois que je les ai vécues comme un second choix, pas un choix de seconde zone, non, ce serait mesquin de dire les choses comme ça, mais un choix de remplacement, le seul qui s'offrait à moi finalement, un choix de peur, un choix d'immaturité, un choix de gosse désabusée. Il m'arrive même de me demander si j'ai choisi quelque chose dans tout ça, si je ne me suis pas juste laisser (sur)vivre au gré des vagues...

Maintenant, tout ça est bien loin, j'ai grandi, un peu, et les instants magiques je les ai retrouvés. J'ai 25 ans, mais parfois, dans les yeux de Mon Autre, j'en ai de nouveau 15, 16, 17 tout au plus.
Nous déployons nos ailes ensemble, en harmonie, même si la Vie à deux n'est pas toujours facile. Avec Lui je sais que tout est possible, que jamais il ne me laissera sur le bord du Chemin, seule face à mon Destin. Pour rien au Monde. Car dorénavant nos destins sont liés, indiscosiables.
Dès les premiers mots échangés nous avons tissé notre fil d'Ariane, dès les premiers regards nous avons consolidé nos certitudes.
La sensation qu'on s'est déjà rencontrés dans une autre Vie, qu'on se connaissait déjà bien au-delà des frontières du terrestre.
Et même dans ces moments où je peux douter de tout et de tout le monde, je ne doute pas de Lui, je ne doute pas de nous. C'est ma (seule ?) force.

"Un mot de vous et je pars" (Dolly)

# Je t'aime, David #





© Mélusine Yum

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Commentaires
M
... A l'heure d'aujourd'hui, malgré les aléas de la Vie qu'on ne peut éviter, dont on peut juste essayer de se protéger comme on peut... Je le suis. HEUREUSE. Je pourrais presque dire épanouie, si je n'avais pas toujours mes vieux démons bien à moi... <br /> Et j'espère que toi aussi tu connais le bonheur, car toi aussi tu le mérites :)<br /> *Take Care*
L
Laissant songeuse...<br /> C'était bien tout ce que je te souhaitais à notre rencontre que tu sois heureuse...<br /> *soupir*
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